Protectionnisme entre Étudiants

Commentaire personnel sur l’état et la motivation des associations étudiantes des établissements d’enseignement supérieur.

École normale supérieure de Paris.
École normale supérieure de Paris.

Je ne comprends pas les associations étudiantes des établissements d’enseignement supérieur, c’est à dire, les universités et les grandes écoles. À mon avis, ils pratiquent souvent le protectionnisme qui augmente les inégalités. C’est dommage, car au sein de la société, il me semble que les étudiants sont plus engagés et progressistes. Voici mes arguments.

Mon expérience à Berlin

J’ai fait mes études à Berlin à l’université de Humboldt (HU). Il y a egalement deux autres grandes universités, l’université technique (TU) et l’université libre (FU). Le Studentenwerk (équivalent du CROUS) met à disposition les cantines étudiants pour tous les étudiants. Chaque université gère son propre service des sports qui est offert à tous les étudiants. Si il reste des places, même les personnes extérieures sont les bienvenues. Après, il y a les associations autogérées par les étudiants. Souvent, c’est très informel : Elle ne sont visibles par l’université que si elles ont besoin d’un local, d’une page internet hébergée par la site de la fac, etc.

Pendant mes études, je me suis inscrit à un cours de natation proposé par mon université. Une amie de l’université de médecine (Charité) m’a accompagné. Puis, j’ai fait un cours de Tango à la TU avec une étudiante inscrite à l’université de Potsdam, une ville voisine de Berlin. Là, beaucoup de gens extérieurs assistaient au cours.

J’ai fait parti de l’équipe d’Amnesty International à TU, car j’étais occupé pendant les rencontre d’Amnesty qui avait lieu à ma fac.

Pendant mes deux années de Master, j’ai fait partie de la chorale de HU. Les étudiants de notre fac n’étaient qu’une minorité. La sélection des choristes ne se limitait pas aux étudiants, mais se faisait en fonction du besoin.

Il est aussi toujours possible d’assister à des cours magistraux des autres établissements publics. Il y avait de temps en temps des étudiants de TU chez nous, et parfois, j’aillais écouter des cours d’ingénierie médicale à TU. Pareil pour les cours de langues.

Je trouve ça normal, car ces formations sont financées par l’État. On est tous dans la même situation – pourquoi pas travailler ensemble si on a le même but ?

Mon expérience en France

J’étais inscrit à l’université d’Aix-Marseille pendant quelques mois. J’ai travaillé à l’École Centrale dans une équipe composée d’étudiants/chercheurs de Centrale et Aix-Marseille. Ce n’était pas drôle. Je ne recevais aucun mail des associations de Centrale puisque j’étais étudiant d’Aix-Marseille. Je me rappelle avoir demandé à une étudiante quand aura lieu la prochaine séance de cinéma sur le campus en lui montrant une affiche d’un événement que j’avais raté. Sa réponse : «Les événements sont communiqués par mail, mais si tu ne les reçoit pas, c’est que tu n’es pas invité». J’étais tellement étonné.

Depuis que je suis à Lyon, j’ai remarqué aussi à plusieurs reprises que les étudiants font tout pour rester entre eux. À l’ENS, il est impossible pour les étudiants extérieurs d’assister aux cours de sport (et probablement pareil pour les langues1). Ce n’est pas une question de prix, c’est juste impossible. Plus grave encore : les étudiants partagent cette idée.

À science-po, il y a une association qui s’engage pour les idées pro-européennes tout comme les Jeunes Européens (JE), une organisation internationale qui est présente dans tous les pays de l’UE. Bien sûr, les étudiants de science-po sont bienvenus chez les JE. Bizarrement, en tant que militant pour l’Europe, donc partageant le même but, je ne peux assister à leurs réunions car je ne suis pas étudiant de leur école. J’ai insisté pendant un moment et j’ai essayé de leur faire comprendre que c’était absurde, mais ils ne voulaient pas comprendre. Pour moi, l’Europe se définit comme un projet intégratif. Peut-être, on n’a même pas le même but en pensant que l’Europe est un projet international et que ces étudiants préfèrent leur propre exclusivité de science-po et se discrimine déjà entre étudiants de la même ville. Aussi l’association Forum de EM Lyon (Grande École de commerce) qui offre des grands débats, n’est pas prêt d’inviter des étudiants dehors dans l’équipe d’organisation.

Heureusement, le domaine de la musique se veut moins hermétique : La chorale de l’ENS et les équivalents à l’INSA et l’université Lyon 2 accueillent avec plaisir n’importe quelle personne qui aime et sait chanter !

Oui, c’est grave !

Pourquoi aller faire du volley sur un autre campus, alors que ce sport est proposé dans notre école ? Idem pour le débat sur l’Europe. Pourquoi devoir insister pour participer à leur rassemblement à science-po ?

Je n’aurais pas eu à écrire cette contribution si j’étais d’accord ! Ce que l’on ne veut pas, c’est une polarisation entre les citoyens qui pourrait un jour devenir la racine d’une sérieux conflit. Pour ça, il faut améliorer le discours entre les gens qui pense différemment et travailler sur la capacité de négociation et faire des compromis. Le gens qui me connaissent savent que ce n’est pas facile non plus pour moi. :wink:

Je ne connais pas (beaucoup) d’étudiants de science politique, de commerce, des étudiants en parcours pour devenir fonctionnaire. Comme tous les hommes, j’ai peur des trucs que je ne connais pas et je m’en méfie. En plus, ces étudiants sont souvent ceux qui veulent servir/régner sur d’autres hommes, soit comme député, soit comme chef d’entreprise. C’est condamné au début si le ciseau entre eux et le peuple est trop gros. Qu’est-ce qu’on peut attendre d’un député qui a passé tout sa vie entres amis avocat ? Est ce qu’il connaît les soucis des boulangère, médecins, physiciens ? Je ne croix pas.

Que faire ? Il faut chercher le contact des gens qui ne font pas le même parcours. De plus loin sur ce qu’on fait soi-même, de plus on peut apprendre. Il faut s’ouvrir et éviter la bulle des gens qui font et pensent la même chose!

C’est encore plus simple comme étudiant. On est jeune, flexible. Pourquoi pas faire du volley avec des étudiants fonctionnaire ou discuter avec les gens de science-po ? Parce que l’on ne l’accepte que très peu ici en France, ce pays d’égalité. C’est une opportunité perdu. Dommage.

  1. Je pense c’est effectivement possible, mais je ne connais pas des conditions. ↩︎